1981 – L’année de toutes les luttes, partie 1/2 : l’avant 1981

28 02 2011
C’était il y a 30 ans cette année…

1981 – 2011

Il y a beaucoup à dire sur cette année 1981 qui a marqua et marque encore très fortement l’Irlande républicaine comme avait marqué en son temps l’année 1916.

2011 est une année sans conteste chargée d’émotions puisqu’elle sera marquée par la commémoration de nombreux événements et tragédies toutes liées les unes aux autres.

Cette année-là, un groupe de 10 prisonniers irlandais décèderont d’une grève de la faim qu’ils auront organisé comme leur ultime moyen de protestation contre leur statut et surtout, au-delà de leur personne, contre le traitement de la communauté catholique d’Irlande du Nord.

Pour bien comprendre les événements de 1981, il est indispensable de revenir quelque peu en arrière et plus particulièrement sur les années 70.

Le contexte :

Après le début des Troubles en 1969, suite à la bataille du Bogside, la tension est très nettement montée et la guerre est franchement ouverte entre la communauté catholique qui tentait de faire valoir ses droits civiques et la communauté protestante tout-puissante, épaulée par la police nord-irlandaise(la RUC) et soutenue par l’armée britannique.

Discriminée dans les attributions aux logements, l’accès à l’emploi et dans leurs droits de vote, n’ayant abouti à aucun résultat par le dialogue ou les marches pacifiques, la communauté catholique en arriva à la lutte armée losrqu’elle fut attaquée et réprimandée. Il faut savoir que dans certains quartiers à majorité protestante, les familles catholiques étaient régulièrement chassées manu militari de leurs maison et appartements, bien souvent en pleine nuit. Elle dut se défendre et les années 70, notamment après le Boody Sunday de 1972, virent les effectifs de l’armée qui la défendait, l’IRA, augmenter très rapidement.

Dans ce contexte, le moindre geste douteux était épiée par la puissante armée britannique qui avait le pouvoir, sans autre forme et, le plus grave, sans jugement, d’arrêter et d’emprisonner tout individu susceptible de représenter une menace. Si, sur le nombre, il y avait de réels criminels et terroristes devenus parfois incontrôlables ou extrêmes(d’où les dissensions internes de l’IRA), bon nombre de personnes furent arrêtées de manière injuste ou alors se virent écopées de peines de prison disproportionnées à leurs actes.

 
Devant ce flot d’injustices et de mauvais traitements(tortures dans les prisons notamment), la lutte n’en fut que plus vive.

Le statut des prisonniers :

Dès 1972, les autorités nord-irlandaises accordèrent un statut spécial pour les gens arrêtés dans le cadre des Troubles. Ledit statut est le fruit de négociations entre le gouvernement britannique et l’IRA Provisoire à propos d’une trêve et de la libération d’un certain Gerry Adams, l’actuel leader du Sinn Féin, lui-même emprisonné à deux reprises à l’époque. Ce statut spécial était similaire au traitement des prisonniers de guerre, à savoir qu’ils ne portaient aucun uniforme de prisonniers et n’avaient aucun travail forcé à accomplir.

Les "H-blocks"

Malheureusement, en 1976, le gouvernement britannique adopta une nouvelle politique en la matière. Toutes les personnes arrêtées après le 1er mars 1976 ne bénéficieraient plus de ce statut qui était donc appelé à disparaître. Désormais, les prisonniers politiques devenaient des prisonniers criminels. La volonté du gouvernement britannique était claire et entendait criminaliser le mouvement républicain qu’il avait poussé dans ses derniers retranchements. Les prisonniers politiques irlandais étaient donc maintenant assimilés à n’importe quel criminel. Cela signifiait le port d’un uniforme, le travail forcé et plusieurs restrictions liés à ce nouveau statut.

A noter que la très grande majorité des événements qui vont suivre se sont déroulés dans la prison de Maze(nom officiel), appelée plus communément la prison de Long Kesh(dénomination employée par les républicains), situé dans la région de Lisburn, à environ 15 kilomètres de Belfast. On parle également des « H-Blocks » en référence à la forme en « H » des bâtiments.

Les mouvements de protestation :

Réclamant la restauration de leur ancien statut et droits précédents, les prisonniers ne tardèrent pas à réagir.

Cela donna lieu à deux mouvements de protestation restés terriblement célèbres de par leur côté dramatiquement désespérés.

Une fresque murale rendant hommage aux "Blanket Men" à Derry

Le 14 septembre 1976, Kieran Nugent, refusa de porter l’uniforme de prisonnier et lança ce qu’on appelle le « Blanket protest », la protestation de la couverture. Ce mouvement dura cinq ans. Les prisonniers contestataires, à qui le gouvernement britannique refusait le port de leurs habits personnels, et qui refusaient l’uniforme de prisonnier, avaient alors le choix de rester entièrement nus ou alors de se couvrir d’une simple couverture.

Ce refus entraîna toute une série de restriction aux prisonniers, notammment des journées confinés dans leurs celleules sans sortie, des repas faits de thé et de pain sec, la suppression des meubles ou la diminution drastique de visites de la famille ou d’amis, réduit à quatre visites par mois. A noter que certains prisonniers se sont soumis au port de l’uniforme pour maintenir un contact plus appuyé avec le monde extérieur, notamment avec les groupes paramilitaires.

Ce mouvement ne fit qu’accentuer les tensions et les attaques contre les officiers et les gardiens de prison à l’extérieur et se répercuta bien sûr sur les relations entre ces mêmes gardiens et les prisonniers. La violence monta en escalade et on peut même se demander où se situaient les limites de la prison et qui étaient les véritables prisonniers de cette situation.

Aucune de leurs revendications n’ayant abouti, en mars 1978, certains prisonniers firent monter les enchères et débutèrent alors le « Dirty protest », la protestation du sale.

Ce nouveau mouvement va précipiter les prisonniers de Long Kesh dans des conditions inhumaines, certes qu’ils ont eux-mêmes initié, mais que l’entêtement et la fierté mal placée du gouvernement britannique ne fera qu’entretenir. Certains écriront que ce mouvement reflétait le triomphe de l’esprit humain sur les conditions matériels de son existence.

Les prisonniers décidèrent alors de ne plus se laver mais pas seulement…ils commencèrent à recouvrir les murs de leurs cellules de leur propre excrément, urinant à même le sol, inondant les couloirs de la prison.

Le but était d’attirer l’attention des médias et de l’opinion mondiale. L’ambiance et les conditions d’incarcération devenaient surréalistes. 250 à 300 prisonniers suivirent le mouvement, tout en continuant à étudier la langue irlandaise (le gaélique) et l’Histoire irlandaise.

Le surréalisme était d’autant plus frappant que la non-réaction et l’inflexibilité du gouvernement britannique demeurait inamovible. L’arrivée de Margaret Thacher au poste de Premier Ministre en 1979 ne fit qu’empirer la situation. Son surnom de la « Dame de Fer » ne s’est jamais autant vérifié que dans l’affaire des prisonniers républicains irlandais.

Il est bon de rappeler que la demande des prisonniers consistait simplement à retrouver leur statut de prisonniers de guerre.

Dans leurs revendications, il ne s’agissait même pas de contester la disproportion, dans la plupart des cas, entre les peines et les actes reprochés, ni même de contester certains emprisonnements exécutés sans même avoir été jugés!

Le gouvernement britannique ne fit aucune concession et Mme Thatcher accentua encore plus la criminalisation du mouvement républicain et de l’IRA.

Du surréalisme, la situation déboucha sur le dramatique et l’ultime recours.

Le 27 octobre 1980, plusieurs prisonniers républicains débutèrent une grève de la faim. Devant la détermination des prisonniers et le nombre de volontaires, sept furent choisis et on peut imaginer les terribles moments vécus lors de cette période. Cette première grève de la faim devait s’interrompre car, dans cette guerre des nerfs, le gouvernement britannique semblait enfin faire quelques concessions. L’état de santé du prisonnier Sean McKenna eut également son influence. La position des deux camps s’assouplit et se rapprocha vers le début d’un compromis trouvé en grande partie pour sauver la vie du républicain.

Nous sommes à la fin de l’année 1980.

Le 18 décembre 1980, suite à l’aboutissement de ce qui semble être un premiers pas vers un éventuel accord, Sean McKenna met un terme à sa grève de la faim après 53 jours sans s’être alimenté. Il échappe de très peu à la mort, suite à plusieurs comas.

Malheureusement, les espoirs s’évanouirent rapidement et allaient augurer d’une année 1981 qui restera à jamais gravée dans la mémoire collective de l’Histoire irlandaise.

Suite dans la partie 2 demain.





Elections générales en Irlande – Gerry Adams : c’est fait!

26 02 2011

Les élections générales en République d’Irlande renouvellent en ce moment même les membres du Dáil Éireann, parlement du pays.

Les bureaux de vote ont fermé et le dépouillement du scrutin est en cours.

A l’heure où j’écris ces lignes, 32 des 166 Teachta Dála(députés) sont déjà confirmés dans leur poste.

Le leader du Sinn Féin, Gerry Adams, qui se présentait dans le comté de Louth, en bordure de l’Irlande du Nord, s’est hissé en tête du scrutin avec 21, 7% des voix dans un décompte encore partiel.

Après le Royaume-Uni et son siège de Wesminster, Gerry Adams vient de se faire élire en tant que député dans un deuxième pays mais, à n’en point douter, le premier pays de son coeur.

C’est certainement un cas assez rare en politique et un pari gagné!

C’est avec une sincère émotion que j’adresse mes plus chaleureuses félicitations à Gerry Adams que je ne manquerai pas de féliciter via son blog!

Le plus dur reste à faire et il s’agira de se faire entendre dans un Dáil qui s’achemine vers une victoire attendue du Fine Gael qui semble pourtant ne pas atteindre la majorité absolue. Cela les contraindra vraisemblablement à la constitution d’un gouvernement de coalition avec le Labour qui va devenir, pour la première fois de son histoire, la deuxième force du pays.

Le Fianna Fáil, le premier parti irlandais depuis 14 ans au pouvoir, est quant à lui en train de plonger.

A noter que le Sinn Féin a pour l’heure obtenu un deuxième siège avec Pearse Doherty dans la constitution de Donegal Sud Ouest.

Un développement suivra et un bilan complet sera publié dans le courant de la semaine prochaine.





Enda Kenny en futur Taoiseach?

20 02 2011

Enda Kenny, leader du Fine Gael

 
A l’issue des derniers sondages, le parti du Fine Gael s’envolent devant ses concurrents. Il est pressenti pour être le prochain parti gouvernemental et devrait retrouver un leadership perdu il y a presque 14 ans. Depuis 1997, c’est le Fianna Fáil qui conduisait la destinée du pays avec Bertie Ahern(1997-2008) puis Brian Cowen(2008-2011).
 
Si le Fine Gael semble intouchable avec ses 39%, la bataille sera âpre pour ses poursuivants. Le Labour Party est à la peine et se situe à 17%, le Fianna Fáil à 16% et le Sinn Féin en est à 12%. Le parti des Verts est en chute libre avec 2% et 14% s’en vont vers des candidats indépendants.
 
La prudence reste de mise avec les sondages mais il est indéniable que le Fine Gael sera le grand vainqueur du scrutin. Derrière, tout est possible et il faut souligner le retour pressenti aux affaires de « mon » parti du coeur, le Sinn Féin, qui devrait être le deuxième grand bénéficiaire de cette redistribution des cartes. Après lecture de son manifeste pour ces élections, j’ai pu constater avec plaisir que le Sinn Féin a fait figurer un point consacré à la réunification de l’Irlande. On ne change pas qui on est fondamentalement et le parti reste fidèle à ses principes vieux de plus de cent ans.
 
Pour terminer avec le Fine Gael, son leader, M. Enda Kenny, pourrait devenir le prochain Taoiseach (Premier Ministre) de la République d’Irlande. Cela dépendra des résultats de cette semaine. A n’en point douter, le Fine Gael devra également faire preuve d’une certaine intelligence dans sa gouvernance, vu le peu d’écart qu’il devrait y avoir entre les trois partis qui le suivent. Traditionnellement, le Fine Gael a très souvent fait alliance avec le Labour Party. Le Fianna Fáil étant son adversaire de toujours, il y a fort à parier que le Fine Gael reste donc fidèle à son alliance historique précitée.
 
La semaine qui va s’ouvrir sous peu donnera donc le ton pour la prochaine législature et fait figure de semaine capitale pour l’avenir du pays en ces temps d’austérité budgétaire. Ce n’est donc pas une mission de tout repos qui attend les prochains dirigeants irlandais qui devront jouer serré, très serré, face au peuple et suite à l’aide du FMI et de l’Union Européenne.




Les sept derniers jours

18 02 2011

La campagne pour les élections générales en République d’Irlande aura été courte, vu le caractère anticipé du renouvellement du parlement, le Dáil Éireann.

Ce n’est peut-être pas plus mal d’ailleurs et c’est vendredi prochain, le 25 février que nous connaitrons les résultats du scrutin.

La campagne, comme toutes les campagnes, s’active en ces derniers jours, donnant lieu à un duel à distance entre les deux grands partis au pouvoir, le Fianna Fáil et le Fine Gael.

Il reste à voir si ce seront toujours les deux plus grands partis, vu la chute libre du Fianna Fáil. Le Fine Gael, quant à lui, semble parvenir facilement à se maintenir dans le duo de tête…mais avec qui?

A noter que la différence entre ces deux partis est assez subtile.

Le Fine Gael est qualifié de parti de centre droit mais n’a aucune peine à former une coalition avec le Labour, le parti traditionnel de gauche.

Le Fianna Fáil est situé encore plus au centre, soit à gauche du Fine Gael et à droite du Labour.

La différence est surtout historique et il faut aller rechercher dans le passé et la période-clé de 1920-1930.

Le Fianna Fáil est issu d’une scission avec le Sinn Féin. Bien que les deux partis soient anti-traité de 1921, le Sinn Féin adopte une politique d’abstentionnisme et ne participe plus aux élections irlandaises. Une partie des membres du Sinn Féin ne rejoint pas ce point de vue et partent pour créer un tout nouveau parti politique, le Fianna Fáil, qui se lance dans les élections. L’idéologie de fond reste donc identique et, encore à ce jour, le Fianna Fáil reste un parti profondément républicain.

Le Fine Gael, historiquement, est le parti qui représentait les Irlandais favorables au traité de 1921 et donc avec un élan anti-britannique moins virulent.

A noter que, élément intéressant et qui me plaît particulièrement, le paysage politique irlandais ne possède pas de parti se situant aux extrêmes. Il n’y a aucun parti d’extrême droite jouissant d’un rôle significatif et pour l’extrême gauche, il en est de même.

Des cinq partis principaux (Fianna Fáil, Fine Gael, Labour Party, Green Party, Sinn Féin), le parti le plus à gauche est le Sinn Féin mais il n’est pas comparable à un parti d’extrême gauche français. C’est un socialisme à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire plus enclin à s’allier à d’autres partis un peu plus libéraux. Sa particularité première, outre la défense et la protection du peuple irlandais qu’il place en première priorité, est sa position militant depuis toujours pour la réunification de l’Irlande. Dans ce sens, il reste le parti le plus anti-britannique, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il est le parti dont les blessures du passé causées par l’armée britannique restent les plus profondes et les plus douloureuses.

Voilà donc une brève photographie des principaux protagonistes à moins d’une semaine du verdict.

Pour terminer par une note de tendresse et de poésie, je vous livre deux chansons portant presque le même titre (« Ballade irlandaise » pour le premier et « Ballade Nord-irlandaise » pour le deuxième) mais aux couleurs différentes, interprétée par Bourvil qui, lui aussi en son temps, avait été touché par l’île d’émeraude, ainsi que Renaud :





Un point sur les élections du 25 février

8 02 2011

Les élections générales en République d’Irlande approchent à grand pas.

Il reste deux semaines et demi d’ici le vendredi 25 février, date qui verra l’émergence d’un Dáil dont le visage sera certainement bien différent et subira des modifications dont les sondages nous donnent déjà un aperçu. Mais ceux-ci étant ce qu’ils sont, je ne mentionnerai pas les résultats qui sont toujours des tendances perfectibles et, par nature, encore très versatiles. La prudence est donc de mise et aucun parti ne crie victoire pour le moment.

Pour ceux qui me lisent, je n’ai jamais caché mes affinités avec le parti du Sinn Féin que je soutiens.

C’est donc tout à fait logiquement que je leur consacre ici un article pour saluer l’engagement de ces femmes et ces hommes en politique, rôle parfois ingrat mais aussi très intéressant. C’est ma très très modeste expérience qui parle!

Ci-dessous, voici les priorités ( en anglais) du Sinn Féin pour la prochaine législature en République d’Irlande ( source : http://www.sinnfein.ie/sinn-fein-priorities-for-the-next-dail ) :

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Sinn Féin has set out a better, fairer way to reduce the deficit and deal with the banks. Our alternative seeks to stimulate the economy, protect and create jobs and reform the tax system.  We would target cuts at the top of society — beginning with the salaries of Government Ministers, TDs and top civil servants.

In the upcoming general election we will be presenting a real programme of recovery which will:

1.    Regenerate the economy by investing in a major job creation programme to get Ireland back to work.

2.    Reverse the savage cuts and prioritise frontline services.

3.    Burn the bondholders in Anglo and wind it up.

4.    Reduce the deficit by taxing the wealthiest and eliminating wasteful spending. 

5.    Provide for a root and branch reform of the political system; including abolishing the Seanad in its current form, reforming the electoral system, and bringing forward a constitution aimed at producing a genuine republican form of Government which puts an end to political elites and empowers Irish citizens.

6.    Ensure the proper use of Ireland’s natural resources for the common good.

7.    End the two-tier health and education systems.

8.    And guarantee continued support for the Peace Process, the Good Friday Agreement and seek to enhance outreach to the unionist community.

People are looking for a new kind of politics. That is what Sinn Féin offers.

Make a stand – There is a better way

Vote for Sinn Féin.
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Le Sinn Féin lance 39 candidats ( voir : http://www.sinnfein.ie/the-candidates ) dans la course avec 7 femmes,  32 hommes, jeunes et moins jeunes, une liste assez représentative de la population.

Et pour terminer, voici une video figurant sur le site officiel du parti résumant les grandes lignes du parti, ses origines et rendant un hommage particulier au courage des femmes de tous temps qui se sont engagées pour la cause républicaine :





L’Irlande du Nord perd le plus illustre de ses guitaristes de rock

8 02 2011
Lire :

http://lp6571.wordpress.com/2011/02/08/thin-lizzy-se-reforme-au-paradis/

Gary Moore, 4 avril 1952 - 6 février 2011





Politique : fin de législature en Irlande du Nord

5 02 2011

A gauche, Peter Robinson(DUP), premier Ministre d'Irlande du Nord et Martin McGuinness(Sinn Féin), vice-premier Ministre

Cette semaine, les deux dirigeants de l’Irlande du Nord sont apparus ensemble sur U-TV(Ulster Television) pour évoquer les quatres années écoulées.

 C’était un petit événement car le fait de voir Peter Robinson et Martin McGuinness sur le même plateau est assez rare pour le signaler. La dernière fois que cela s’était produit, les deux leaders de Stormont se trouvaient dans des studios séparés. Rien de tout cela dans le cas présent et l’on ne peut que s’en réjouir.
 
Messieurs Robinson et McGuinness étaient côte à côte, ont parus détendus tout en se vouant un respect mutuel. Peter Robinson a rappelé, non sans une certaine malice, que la première fois qu’ils s’étaient retrouvés ensemble sur un plateau de télévision, les journalistes avaient parlé de « Studio war » et que cette fois-ci, ils ne pourraient plus parler de cette façon.
 
L’heure est au bilan car le 5 mai prochain auront lieu deux élections. Celles pour renouveler les conseils municipaux des communes et villes mais aussi celles pour renouveler les députés de l’Assemblée d’Irlande du Nord.
 
Les deux hommes ont estimé avoir prouvé leur sérieux de leur politique et se réjouissent des progrès accomplis en terme de stabilité et dans le processus de paix.
 
Afin de mesurer le niveau de tension et d’instabilité en Irlande du Nord, il est significatif de rappeler que c’est la toute première fois, depuis 40 ans, qu’une Assemblée est capable d’accomplir une période de législature pleine et entière, c’est-à-dire 4 ans de mandat. Cela en dit encore un peu plus long sur les heurts, démissions et dissolutions qu’il y a eu dans le passé.
 
Le niveau actuel des accords politiques, notamment entre le DUP et le Sinn Féin, semble donc porter ses fruits et donne un bon espoir de stabilité pour la suite. C’est ce qu’il faut espérer.




Tournoi des 6 nations : coup d’envoi ce week-end

2 02 2011
Le plus grand rendez-vous européen de l’élite du rugby aura cette année une saveur particulière, une odeur de…kiwi!
 
En effet, tout le monde aura en tête la Coupe du Monde qui se déroulera cet automne en Nouvelle-Zélande.
 
Ce sera un premier test des plus sérieux, bien que placé un peu tôt dans l’année par rapport au rendez-vous mondial des antipodes.
 
D’ici là, toutes les équipes auront tout le loisir de travailler et d’améliorer leur jeu. Il n’est pas couru d’avance que les équipe que nous découvrirons dès ce week-end auront le même niveau dans six mois. Ce sera donc à suivre.
 
L’Irlande part dans l’inconnu avec beaucoup de blessés et une campagne de préparation qui n’a pas été des plus glorieuses en fin d’année dernière. Rien n’indique que l’équipe au trèfle soit en mesure de réitérer son exploit de 2009. C’est donc sur sa pugnacité, son courage et un véritable esprit d’équipe qu’il faudra compter pour compenser les absences des joueurs coincés à l’infirmerie.
 
Et pourtant, à regarder le programme, l’Irlande a une belle opportunité. Elle va se déplacer chez les trois adversaires à priori les plus à leur portée, à savoir l’Italie, l’Ecosse et le Pays de Galles et recevra chez elle les deux plus dangereuses, à savoir la France et enfin l’Angleterre dans un tout dernier match du tournoi qui pourrait s’avérer décisif et très chaud.
 
Ce samedi, l’Irlande va débuter par l’adversaire le plus faible sur le papier. Il restera à le vérifier sur le terrain et voir de quelle manière l’Italie sera maîtrisée ou non.
 
 

Les six capitaines des six des équipes en compétition avec, en tête, le capitaine français Thierry Dusautoir tenant le trophée en tant que vainqueur de l'an dernier. A qui le tour cette année?





Il était une fois l’Irlande…

1 02 2011
En ouvrant ce blog, j’étais parfaitement conscient qu’il fallait tôt ou tard faire un arrêt sur la question irlandaise à travers son histoire.

Cela me paraît un passage obligé pour comprendre un peu mieux les enjeux actuels. On ne peut pas dire que l’Irlande ait une proximité particulière avec la francophonie. Alors comme bien souvent, on s’arrête aux quelques clichés que l’on a entendu plus que vécu.

Alors je vais tâcher de dépasser les images souvent répandues, celles de gens aimant la fête, la musique et la Guinness avec en toile de fond une guerre entre catholiques et protestants et le nom de l’IRA souvent associée à une bande de terroristes.

Pourquoi cette guerre et pourquoi tant de violence?

J’espère que vous le comprendrez un peu mieux au travers de la chronologie qui va suivre.

Je tiens à préciser que mes sources viennent de l’encyclopédie Wikipedia ainsi que de « Notre jour viendra » de Gerry Adams.

Bienvenue en Irlande!

Les premiers temps :

– 9ème millénaire avant J.-C. : Les traces les plus anciennes laissées par les Hommes remontent à cette époque. Ils sembleraient que ces derniers venaient de l’Europe du Nord en passant par l’Ecosse.

 – de -500 à 500 : On sait que l’Irlande a des origines celtes avec près d’un millénaire de domination pendant cette période.

Saint-Patrick

– 5ème siècle : Début de la christianisation de l’île sous l’impulsion de Maewyn Succat(385-461) qui deviendra plus tard Saint-Patrick, connu pour avoir évangélisé toute l’Irlande. Grâce à lui, l’Irlande est devenue chrétienne et ce sans avoir fait un seul martyr. C’est aussi grâce à lui que le trèfle devient symbole de l’Irlande. Au Rock de Cashel, lors d’un sermon, il présenta une feuille de trèfle comme figure de la Sainte Trinité. Saint-Patrick est fêté le 17 mars, jour de la fête nationale irlandaise.

– 1155 : A cette époque, l’Angleterre est catholique et proche de la papauté. Le Pape de l’époque, Adrien IV, souhaite rapprocher l’Irlande de Rome. Pour ce faire, par un acte officiel appelé « bulle pontificale », le Pape donne la suzeraineté de l’lrlande à Henri II d’Angleterre. A noter que le Pape Adrien IV est le seul pape de l’Histoire à être d’origine anglaise, son vrai nom étant Nicolas Breakspear.

L’Irlande sous tutelle royale :

Commencent alors près de 8 siècles de domination anglaise sur l’Irlande. Du point de vue religieux, tout va bien puisque les deux pays sont catholiques. La papauté n’avait évidemment pas prévu le schisme du 16ème siècle qui verra la naissance de l’anglicanisme et la distance prise par l’Angleterre avec le catholicisme. A l’origine de l’affaire, c’est une demande de divorce que le pape Clément VII refuse à Henri VIII qui voulait épouser sa maîtresse. En 1530, Henri VIII se proclame alors chef de l’Eglise et du Clergé d’Angleterre et pourra ainsi divorcer.

Depuis lors, toute arrivée d’un roi catholique au trône d’Angleterre est perçue comme une menace et le pays connaîtra un bon nombre d’alternance entre influence anglicane et protestante. Du même coup, les contrées sous domination anglaise comme l’Irlande n’ont pas le choix et doivent subir les décisions de Londres.  

L’Irlande qui compose déjà avec un gouvernement anglais doit maintenant aussi perdre ses repères religieux. Il est inutile de rappeler le pouvoir et l’importance de la religion à l’époque. Ce nouveau changement représente donc une vraie révolution et une grande secousse pour le pays attaché à ses racines catholiques. La contestation va grandissante.

– 12 juillet 1690 : Cette date est encore à ce jour vu comme d’une importance capitale. L’Irlande d’aujourd’hui et ses conflits tirent leurs origines de cette date qui vit la bataille de la Boyne, petit fleuve du comté de Louth. Cette bataille opposa le catholique Jacques II d’Angleterre qui fut vaincu par le protestant Guillaume III d’Orange. C’est de là que vient le terme « orangiste » désignant les protestants. Ce jour-là, si Jacques II avait gagné, l’Irlande aurait repris son indépendance politique et religieuse et aurait pu se défaire à tout jamais de l’Angleterre. Jacques II étant déjà chassé du trône d’Angleterre, il ne lui restait plus que l’Irlande mais il ne fut pas en mesure de la garder. Le vainqueur, Guillaume III, roi d’Angleterre et protestant, conserve donc l’Irlande qui continue de subir une certaine influence protestante sous la coupe de Londres.

A noter que chaque 12 juillet des défilés orangistes commémorant cette bataille a lieu tous les ans pour fêter la victoire des protestants sur les catholiques. En 2010, Belfast vécut des émeutes avec son lot de blessés et de dégâts pour plusieurs dizaines de milliers de Livres Sterling.

Puique l’on évoque les couleurs, sachez que le drapeau irlandais, tricolore, s’est inspiré du drapeau français. Le vert représente les catholiques, l’orange représente les protestants et le blanc, qui se trouve au milieu, symbolise la paix et l’harmonie entre les deux communautés.

La domination anglaise continuera d’être combattue par vague plus ou moins intense. On peut retenir Theobald Wolf Tone, à la fin du 18ème siècle, protestant mais avant tout irlandais, réclamera la séparation de l’Irlande et de l’Angleterre. Les soulèvements irlandais qu’il provoquera en 1796 puis 1798 seront des échecs. L’Irlande reste donc anglaise.

La guerre d’indépendance :

Il faudra encore attendre plus d’un siècle et le début du 20ème siècle pour que l’Irlande puisse enfin retrouver son indépendance. En pleine première guerre mondiale, les Irlandais se soulèvent à Dublin et attaquent les bâtiments officiels du gouvernement anglais. Ils se réuniront devant la Poste centrale de Dublin qu’ils occuperont. Ce sera l’insurrection de Pâques de 1916, le 24 avril, une date historique encore largement évoquée de nos jours avec, en tête, James Connolly, l’un des leaders les plus actifs. C’est également au début du 20ème siècle que naissent l’IRA (l’Armée Républicaine Irlandaise) et le mouvement du Sinn Féin.

Cette date fait partie de la mémoire collective du peuple irlandais. Mal organisés et souffrant de désaccords internes, la lutte ne s’est pas propagée au pays entier mais elle est restée centrée sur Dublin. Après six jours de combat, c’est la défaite des Irlandais une fois de plus. Tous les leaders sont condamnés à mort et exécutés par l’armée anglaise dans les jours qui suivent.

Cependant, cet événement fera rentrer l’Irlande dans une nouvelle dynamique. Politiquement, la pression sur l’Angleterre est croissante en raison de la brutalité de son armée qui entraînera un courant de sympathie envers l’Irlande dans le monde et plus particulièrement aux USA où la communauté irlandaise est très importante.

La séparation de l’île :

Pourcentage de catholiques par comté en 1926

L’Angleterre envisage donc de donner plus d’autonomie aux Irlandais et ratifie une loi approuvée en 1920 par le gouvernement du Premier Ministre David Lloyd George. Cette loi appelée loi du gouvernement d’Irlande ou, en anglais, le « Government of Ireland Act » stipule que l’île est séparée en deux. Cette idée est l’oeuvre d’un unioniste du nom de Walter Long, secrétaire en chef pour l’Irlande au sein du gouvernement de Londres.

Le découpage s’est fait selon la concentration de protestants se situant plutôt au nord est de l’île. De plus, à cette époque, il s’agit de la région la plus prospère de toute l’île. Pour faire en sorte que les protestants puissent conserver leur majorité et leur pouvoir, il sera décidé de ne retenir que 6 des 9 comtés de l’Ulster. Les 3 comtés délaissés abritant trop de catholiques. Non seulement l’Irlande est scindée en deux mais le comté de l’Ulster également. L’Irlande du Nord et l’Irlande du Sud, par cette loi, se retrouvent avec deux parlements distincts, régissant leurs affaires chacune de leur côté.

Les Irlandais, toujours sous domination anglaise et révolté par le « Government of Irland Act », continuent de se battre pour leur indépendance et, en 1921, des négociations entre l’Angleterre et l’Irlande débutent. Celles-ci déboucheront sur le traité anglo-irlandais du 6 décembre 1921, signé à Londres. Celui-ci divisera profondément les négociateurs irlandais entre eux et sera à l’origine de la guerre civile irlandaise entre juin 1922 et avril 1923.

Par ce traité, l’Irlande retrouve son indépendance avec son propre gouvernement et devient « l’Etat Libre Irlandais » ou « Irish Free State ». Au moment de la ratification du traité, l’Irish Free State comprend l’île dans son entier, ce qui signifie que l’Irlande du Nord fait partie de l’Irlande. Ce point souleva l’indignation du Premier Ministre d’Irlande du Nord, Sir James Craig, qui protesta contre cette intégration forcée à l’Irlande…

MAIS…

…la clause du traité qui fâchera et divisera le camp irlandais est qu’il est laissé le choix à l’Irlande du Nord de sortir de l’Irish Free State et de rejoindre le Royaume-Uni. Certains négociateurs irlandais se soulèvent contre cette clause et refusent la signature du traité. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de la majorité d’entre eux puisque le traité fut finalement accepté et signé par les Irlandais.

Ce qui devait arriver arriva. Le traité anglo-irlandais, bien que signé le 6 décembre 1921, ne devenait effectif que le 6 décembre 1922. Au lendemain de cette date, soit le 7 décembre 1922, le parlement nord-irlandais vote la sortie de l’Irish Free State pour faire allégeance à la couronne anglaise.

L’Irlande reste tout de même ce qu’on appelle un dominion, c’est-à-dire un Etat autonome mais toujours faisant partie de l’empire britannique. C’est en 1933 que le président irlandais, Eamon de Valera, le seul leader rescapé de l’insurrection de Pâques de 1916 en raison de sa nationalité américaine à l’époque, fera abolir le serment d’allégeance au Royaume-Uni. L’Irlande ira même plus loin que certains anciens dominions comme le Canada, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande puisqu’elle sortira également du Commonwealth.

L’Irlande peut enfin vivre comme un Etat à part entière, laissant l’Irlande du Nord aux mains de l’Angleterre. A noter que le ressentiment irlandais contre l’Angleterre reste vif, ce qui peut se comprendre après tous ces siècles de domination. Pour preuve, pendant la deuxième guerre mondiale, l’Irlande, qui restera neutre, interdira à l’Angleterre d’utiliser ses bases aériennes et navales.

Le début des heurts en Irlande du Nord :

L’Irlande du Nord est donc gouvernée par les protestants qui forment la communauté majoritaire du territoire. La minorité catholique vit tant bien que mal cette situation, essayant de conserver leur propre identité religieuse et culturelle tournée vers leur pays de toujours, l’Irlande à qui ils veulent rester fidèles.

Dès la création de l’Irlande du Nord, il y aura des contestations en raison de cette séparation de l’île en deux, ce qu’on appelle aussi la « Partition » et on appelle à un retour de l’Irlande unie.

Les premiers mouvements sérieux commencent durant la deuxième guerre mondiale avec la « Northern Campaign ». Appliquant le dicton « les ennemis de nos ennemis sont nos amis », l’idée vient d’unir les forces irlandaises à celles des nazis afin de battre l’Angleterre. L’Irlande est officiellement neutre durant le conflit et espère secrètement que l’armée allemande parviendra à dominer l’armée anglaise. En tout cas, l’Irlande n’a pas l’intention d’empêcher l’armée allemande dans son mouvement contre l’Angleterre, même si elle ne lui a pas prêté main forte non plus.

Il faut savoir que des liens ont réellement existé entre gouvernement irlandais et allemands, ce qui fut découvert par les Alliés dans les archives de l’administration nazie. Les contacts germano-irlandais en sont principalement restés au stade diplomatique. Toutefois, un message de condoléance adressé en 1945 au ministère allemand pour le décès d’Hitler de la part du président irlandais de l’époque, Eamon De Valera, fut rendu public, ce qui plaça l’Irlande dans un certain embarras. Aveuglé par son désir de réunification de l’île, on peut dire que le gouvernement a cruellement manqué de vision politique et de sens historique. Il en avait déjà manqué en acceptant le traité avec l’Angleterre en 1921 et dans  la situation allemande, les autorités irlandaises n’ont pas mesuré la portée d’un rapprochement avec un gouvernement tel que celui d’Hitler. Cette faute politique eut pour effet de freiner les investissements des Américains et des Canadiens de souche irlandaise jusque dans les années 70.

Cela relève plus de l’anecdote, significative toutefois, car il faut savoir qu’en Irlande, et contrairement au reste de l’Europe, ce n’est pas l’uniforme nazi qui est le plus détesté mais l’uniforme anglais. C’est vous dire l’animosité portée à l’égard des sujets de Sa Majesté!

Outre ce contact avec l’armée allemande, la « Northern Campaign » donna lieu a des incidents et quelques attaques menées par l’IRA contres les autorités nord-irlandaises, notamment la police et l’armée anglaise, mais sans commune mesure avec ce qui allait arriver plus tard. Le but de la campagne est de forcer les Anglais à se retirer d’Irlande du Nord.

Au lendemain de la guerre, l’année 1948 est une période difficile pour l’empire britannique car celui-ci décline. Il s’affaiblit en Afrique, en Inde et abandonne la Palestine, ce qui débouchera sur la création de l’Etat d’Israël avec les suites que l’on connaît et une paix qui semble encore bien loin dans la région.

Dans ce contexte d’affaiblissement de son ennemi, l’IRA entend profiter de la période pour lancer la « Border Campaign » entre 1956 et 1957. Le but reste toujours le même : pousser les autorités anglaises hors d’Irlande du Nord. Une vingtaine de personnes trouvèrent la mort durant cette période, les Irlandais payant le plus lourd tribut.

Alors que le début des années 60 est une période de relative stabilité, la situation va insidieusement se dégrader en Irlande du Nord. Outre la lutte des Irlandais pour la réunification de l’île, un autre sujet inquiète fortement : les catholiques d’Irlande du Nord doivent se battre de plus en plus pour leurs conditions de vie et leur statut.

Les catholiques subissent des discriminations de tous ordres de la part des protestants au niveau de l’emploi, du logement et de leurs droits civiques. Le taux de chômage et la pauvreté gagnent de plus en plus de catholiques qui commencent à se regrouper afin de se faire entendre. Ces mouvements vont s’inspirer de ceux menés aux Etats-Unis par les citoyens noirs américains pour leurs droits civiques. Des marches de protestation commencent à s’organiser sous l’impulsion de la NICRA(Northern Ireland Civil Rights Association) et leur nombre augmente malgré la répression policière et les attaques des protestants.

La tension monte et la fin des années 60 voit la réapparition ou la création de groupes paramilitaires avec notamment l’IRA du côté catholique et l’UVF et l’UDA du côté protestant.

Devant la fin de non-recevoir devant leur demande de justice et d’égalité de traitement, devant la fermeture à tout dialogue et l’interdiction de tout rassemblement de manifestants, la lutte armée va malheureusement prendre le pas à partir de 1969.

Bien que le mouvement soit resté jusqu’ici non-violent, la frustration et la colère n’en étaient pas moins très élevée contre la communauté protestante et rendait la situation de plus en plus tendue. Dans ce contexte, le 12 août 1969, ce fut la goutte qui fit déborder le vase avec les premiers affrontements entre catholiques et protestants dans la ville de Derry. C’est la bataille du Bogside auquel un article lui sera consacré plus tard dans l’année. Beaucoup de spécialistes de la question nord-irlandaise s’accordent à dire que cette date est synonyme du début de ce que l’on appelle « The Troubles » ou les Troubles, période qui va durer jusqu’en 1998 et dont on ignore à quel point encore aujourd’hui elle est tout à fait terminée.

Il va suivre les années noires du conflit dont les principaux événements feront l’objet d’articles séparés afin d’écourter cet article déjà bien long si vous avez eu le courage d’arriver jusqu’ici, ce dont je vous en remercie très sincèrement!

Néanmoins, on peut dire que le conflit va monter en escalade. Plus les interventions de l’armée britannique, de la police de la RUC et de la communauté protestante seront violentes, plus les actions de riposte de l’IRA le seront également. L’IRA verra son nombre de volontaires exploser au début des années 70, suite à la bataille du Bogside et surtout suite au Bloody Sunday, événement dont le Royaume-Uni vient très récemment(le 15 juin 2010) de reconnaître son entière responsabilité et a présenté ses excuses, par la voix de son Premier Ministre, David Cameron. Le traitement infligé par l’armée britannique aux prisonniers républicains(provocations, violences gratuites, arrêstations injustifiées, violation des droits de l’Homme et tortures) vont soulever une bonne partie de la population irlandaise et contribuera de manière très importante au ralliement de l’IRA.

L’IRA n’est pas une entité très simple dans son organisation. Elle connaîtra plusieurs courants, les uns plus modérés, favorisant la voix diplomatique et politique avec le Sinn Féin dès 1994, les autres, plus extrêmistes et eux-mêmes scindés en plusieurs petits groupes agissant par les armes et les attentats.
 
Ainsi, on trouve l’IRA provisoire(l’organisation historiquement la plus importante qui cesse ses activités en 1997 et annonce officiellement le dépôt de ses armes en 2005 – liée au Sinn Féin), l’IRA véritable(Real IRA) et l’IRA continuité(Continuity IRA), ces deux dernières étant les plus violentes et toujours actives à ce jour.
 
Malgré ces dissensions, le but reste le même pour tous : retrouver une Irlande réunifiée et l’abandon de l’Irlande du Nord par le Royaume-Uni.
 
La suite?
 
En 1998 interviennent les Accord du Vendredi Saint qui rend victorieux le processus de paix bien que fragile et met fin aux Troubles. Les Accords prévoient une modification dans la constitution de la République d’Irlande stipulant l’abolition de la revendication territoriale de la République d’Irlande sur l’Irlande du Nord. Tony Blair pour le Royaume-Uni, Bertie Ahern pour la République d’Irlande, John Hume et Gerry Adams pour les catholiques et enfin John Trimble pour les protestants seront les signataires de cet accord.
 
Si la République d’Irlande semble avoir abandonné sa revendication sur le Nord, les partis politiques catholiques du Nord ne l’ont pas fait. Il faut dire que rien dans les accords ne prévoyait qu’ils cessent de le faire. Ainsi, à ce jour, les partis du SDLP et encore plus celui du Sinn Féin font toujours figurer dans leur programme politique leur désir de voir un jour une Irlande unie. La lutte continue sur le plan politique aujourd’hui.
 
Pour terminer, je vous donnerai encore cet éclaircissement et cette aide dans la lecture d’articles ici ou ailleurs à propos de l’Irlande du Nord.
 
– Ceux que l’on appelle les républicains et les nationalistes représentent la communauté catholique, favorable à la réunification avec l’Irlande.
– Ceux que l’on appelle les unionistes et les loyalistes(plus rarement les orangistes) représentent la communauté protestante désirant rester fidèle au Royaume-Uni.